Une fois par mois, en soirée, les auditoires de l’ULB accueillent l’école de dégustation Inter Wine & Dine pour des cours d’œnologie. La plupart des participants sont étudiants mais ces séances un peu particulières sont ouvertes à tous. Car en plus d’une longue explication théorique, chaque cours est accompagné d’une dégustation. Et en ce mardi d’octobre, c’est le vin wallon qui est au programme, ce qui explique peut-être l’affluence record de plus de 250 « élèves ».

Ne dites plus belge, mais wallon

De l’avis même du conférencier, le professeur de mathématiques et sommelier Fabrizio Bucella, un tel cours aurait été impossible à donner il y a quinze ans de cela. A l’époque on parlait de vin belge puisque les vignerons du sud du pays ne disposaient d’aucune reconnaissance ou appellation officielle. Ce n’est qu’en 2004 que sont apparues l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) Côtes de Sambre et Meuse ainsi que l’IGP (Indication Géographique Protégée) Vins de Pays des Jardins de Wallonie. Les bulles ont été reconnues encore plus tard, en 2008 avec l’AOC Vins mousseux de qualité de Wallonie ainsi que Crémant de Wallonie. Le nombre de vignerons n’a cessé de croître et le vin s’est bonifié avec l’âge. La plupart des cépages sont inter-spécifiques (vigne plus résistante créée par croisements) afin d’être mieux adaptés à notre climat relativement peu ensoleillé. Mais le réchauffement climatique ainsi que l’évolution des méthodes de travail font qu’il est plus aisé de travailler la vigne wallonne aujourd’hui qu’il y a quelques siècles.

Une histoire récente

Contrairement à ce que laisse supposer la croyance populaire, les Romains  ne cultivaient pas la vigne dans nos régions. La viticulture était limitée au sud de la vallée du Rhône. C’est au Moyen-Age qu les premières traces de vignes sont recensées. Huy était une cité vigneronne dès 830 mais la plupart des vignobles wallons ne servaient qu’à étancher la soif de quelques familles, abbayes ou hameaux. La production est de tout temps restée marginale et il en va de même actuellement. Certes, on pourra évoquer les chiffres de 7000 à 7500 hectolitres en 2015 (année record), mais l’Italie, premier producteur mondial, en a sorti près de 50 millions la même année. Le vignoble wallon ne représente guère plus d’une grosse centaines d’hectares, soit trois fois moins que la simple appellation Pommard en Bourgogne ou douze fois moins que la superficie viticole luxembourgeoise!

Mais l’accent est mis sur la qualité, avec certains vins wallons qui n’auraient pas à rougir lors de concours internationaux ou de dégustations à l’aveugle. D’ailleurs, nos étudiants de l’ULB ont beaucoup apprécié les trois vins blancs et le mousseux (la déjà célèbre cuvée Ruffus) mais nettement moins les deux vins rouges. Le climat wallon se prête mieux à l’élaboration de blancs et de bulles. Autre bémol, les prix pratiqués sont parfois un peu exagérés: comptez de 6 à 18 euros pour les vins wallons. Nous avons ainsi testé un blanc de Pays des Jardins de Wallonie, certes correct, mais dont les 13 euros risquent d’avoir du ma à tenir la comparaison face à des Hautes Côtes de Beaune à la réputation autrement plus prestigieuse.

Publié le mardi 24 octobre 2017, par Jean-Christophe Willems

Source : rtbf.be

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