IWD s’est rendu le 19 mars dernier auprès des jeunes aspirants du cercle œnologique de Binche, les Jacob’s. Fabrizio Bucella, notre directeur, y a donné une leçon sur les vins italiens, lui qui a fait sa qualification de sommelier à l’Associazione Italiana Sommelier. Voici le compte rendu qu’en a délivre un membre du Jacob’s, E.D. dans le journal de l’association.
Trente-sept Jacob’s à table ! C’est suffisament rare pour être souligné. Les vins italiens présentés par un physicien de l’ULB, il faut croire que ça nous a parlé. Retour sur une séance abondante en informations.
20h06 ce jeudi, Arnaud L. fait asseoir tout le monde avec autorité. Quelque chose cloche ce soir. Un «orateur de luxe» se présente, voilà la raison de ce zèle disciplinaire. Fabrizio Bucella, docteur en science et professeur ordinaire à l’Université Libre de Bruxelles, sommelier, spécialiste du vin et de la bière et chroniqueur au Huff Post et à la Revue Vin de France. À peine a-t-il fini de se présenter que je souffre déjà du poignet.
N’allons pas jusqu’à la loghorrée mais, agguerri aux auditoires, notre orateur tient un débit pour le moins soutenu. La technique porte ses fruits puisque le silence règne et que, par ailleurs, nous n’avons encore rien à boire. «Il a compris lui ! Il parle d’abord et nous fait picoler ensuite» analyse un certain Fred au nom de famille non-identifié dans les notes.
L’Italie présentée aux Jacob’s
L’Italie, la belle Avec 7 milliards de bouteilles produites chaque année dans la Botte, les Italiens équivalent la France sur ce chiffre. Le premier pays importateur des vins cisalpins est l’Allemagne. Quelques vieilles alliances historiques l’expliquent peut-être. « Sur le plan administratif et des classements, c’était avant un peu à l’italienne : parfois un peu le système D » explique Fabrizio Bucella en jargon de physique. Les DOC sont le parallèle des AOC françaises. On en dénombre plus de 400. « Pour tirer le niveau vers le haut, ils ont créé les DOCG (garantita), sorte de super appellations. » On en recense 45 à ce jour et le nombre augmente régulièrement.
Dégustation aux Jacob’s
1. Lis Neris pinot grigio 2013 , un excellent pinot gris parfait sur un poisson en sauce. Un blanc du Frioul de bonne garde.
2. Piémont blanc Roero Arneis 2013, « Il a quelque chose de magique, d’inimitable », s’extasie notre professeur. Sorte de Chardonnay et Sauvignon portant sur les agrumes et l’ananas. Ainsi que sur « une petite bonne femme dans un bassin d’ouate », d’après mon voisin Julien L. dont les inspirations poétiques sont toujours saisissantes.
3. Bramaterra, La Palazzina, deux millésimes : 2005 et 2006. Le premier est de loin meilleur. Constitué à 70% de nebbiolo, 10% de vespolin et 15% d’un cépage «rare». Le 2006 dé- gage des arômes de réglisse, de « meubles » pour John L., « il me donne des envies de sauce » appuie Benjamin D. (alias F.)
4. Luce della Vite 2011 et Lucente 2012. Sur la base d’un San Giovese, le premier (le second vin) compte 75% de merlot et coûte 30€. Le second 55% (merlot) et culmine à 100€ la bouteille (c’est le grand vin)! Plus élégant (heureusement) mais moins expressif (quoi?!), le 2011 est très grillé. « J’ai l’impression d’avoir un pneu en bouche » dit un voisin (sans doute John L. vu la formule). « Ils n’ont pas lésiné sur le chêne. Malgré ce côté torréfié, l’acidité est belle » analyse l’orateur. Le 2012, lui, rappelait certains Bordeaux avec ses arômes chocolatés.
Il est 21h27, la dégustation est déjà finie, du jamais vu! Place à une séance intéressante de questions réponses. Fred M. demande à notre invité où boire du bon vin italien. Il cherche par là un bon sujet de conversation pour draguer l’électorat de Péronnes. Dans la foulée, notre élu local dégaine ses badges du Mouvement Réformateur pour un événement quelconque. N’était-ce pas une sortie en viole à un carnaval de village?
En résumé
Un orateur de temps à autre est toujours de bon aloi. D’une part pour reposer et ménager le talent de nos intervenants habituels, d’autres part pour concerner plus facilement les plus indisciplinés d’entre nous. C’est d’autant plus vrai lorsque l’orateur invité a de la méthode! Sur le plan gustatif, les avis étaient partagés. Il y a évidemment de très bons crus dans la Botte mais le rapport qualité/prix en a laissé plus d’un perplexe. En comparaison avec ce qu’on trouve en France, bien sûr, mais aussi maintenant dans le Nouveau Monde, les bons vins semblent davantage accessibles.
21h50, Kéké débarque. Cela tombe bien, il est le lift de l’orateur. Ciao l’artisto!
B.E.