La plus prestigieuse des régions viticoles spécialisées dans la production de vins liquoreux fait aujourd’hui face à des questions délicates sur l’avenir de sa production conventionnelle. En effet, les stocks de beaucoup de vignerons sont aujourd’hui bien fournis et doivent être écoulés.
Seulement voilà, l’argument de santé publique ne joue pas en la faveur de ces vins si particuliers. Il est de nos jours plus politiquement correct de tenir un discours commercial « santé » : sans sulfite, sans sucre ou encore avec un taux d’alcool raisonnable. Discours auquel nul Sauternais ne peut se référer.
Je tiens ici à entamer une certaine apologie du Sauternais dans la mesure où certains de ces vins le méritent de part leur offre décalée, leur labeur décuplé inhérent au mode de production et leur typicité inimitable.
Bousculer les codes
Sauternes souffre d’une réputation antédiluvienne consistant à considérer ces vins comme des vins de dessert. De facto, notre fin breuvage se voit relégué en fin de repas, souvent associé avec du sucre, alors que tous le monde est amplement rassasié, juste avant qu’un des convives ne propose son single malt hors d’âge.
Le sauternes se retrouve dans une position peu enviable alors qu’un champagne lui vole souvent la vedette en étant servi à l’accueil des invités. Pour proposer un apéritif original, bousculez ces codes. Avec le budget de votre champagne conventionnel, vous obtenez déjà un beau Sauternes.
Toute la subtilité tient au niveau de la température de service; il ne faut pas hésiter à servir votre sauternes bien froid. Vous entrez alors dans une nouvelle dimension en recentrant l’équilibre du vin sur la fraicheur tant recherchée à l’apéritif. Il est également relativement fréquent d’obtenir de belles persistances sur ce type de vins.
L’avenir du Sauternes est à l’apéritif et nul besoin de se ruiner pour en témoigner.
Bien souvent, les grands châteaux classés en 1855 offrent une gamme de seconds vins d’excellente facture et répondant à un cahier des charges digne du grand vin du domaine,. Ils offrent ainsi au dégustateur averti un rapport qualité/prix de haute volée. « Carmes de Rieussec » et « Lions de Suduiraut » en sont deux parfaits exemples.
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Adapter les produits
De nombreux vignerons à Sauternes proposent aujourd’hui une gamme de vins blancs secs classés en appellation Bordeaux. Cette réponse économique soulève une question sous-jacente : où est passée la typicité des vins de Sauternes ?
Un élément de réponse est apporté par le château Closiot qui en plus du grand vin du château propose « les premières brumes de Closiot ». Il s’agit d’un sauternes proprement dit mais modéré au niveau du taux de sucre. Il en ressort un produit très intéressant, subtilement équilibré, tout à fait accessible et d’un positionnement tarifaire cohérent.
En adaptant les mœurs de consommation et de production des vins de Sauternes, ces vins liquoreux ouvrent de nouvelles perspectives et nous prouvent qu’ils ont encore de beaux jours devant eux … pour notre plus grand plaisir.
Cet article a été écrit par Arnaud Laconte, membre de l’équipe IWD.