Ainsi que nous l’apprend une dépêche AFP et Christophe Reibel sur Vitisphère.com, la cave des Hospices de Strasbourg abrite le plus vieux vin en vrac au monde, un blanc né en 1472. Ce mercredi soir 21 janvier 2015, à 19 heures, il a quitté la cuve inox où il logeait depuis près d’un an pour rejoindre un tout nouveau fût.

« L’événement est rare. Il ne se produit que tous les 250 ans environ » précise Patrick Aledo, président de la Société d’intérêt collectif agricole (Sica) de la cave historique des Hospices de Strasbourg.

L’opération était devenue indispensable. Malgré de multiples réparations l’ancien tonneau connaissait d’importants problèmes d’étanchéité. Il était temps de le remplacer. Par quoi ? « Il n’y avait pas d’intérêt à acheter simplement un fût neuf » indique Patrick Aledo.

Contact a donc été pris avec la Tonnellerie Radoux, leader de la tonnellerie très haut de gamme. La Sica l’a chargé de fabriquer une copie à l’identique du fût défaillant.

Cette mission a été confiée à Xavier Gouraud, responsable du service technique de la Tonnellerie Radoux, meilleur ouvrier de France en 1991 et 1994 et à Jean-Marie Blanchard, compagnon du Devoir, meilleur ouvrier de France en 1991. Les deux artisans ont travaillé à partir de gabarits, d’un mètre et de photos. Ils ont utilisé les outils du fondateur de la tonnellerie et des merrains de l’Allier de première qualité qui ont eu droit à une chauffe de trois heures.

Ce tonneau ovale de 450 litres, long de 1,17 m et haut de 97 cm a nécessité plus de 200 heures de travail. Celui qu’il remplace sera exposé à côté de lui. Le plus vieux vin de Strasbourg peut continuer à vieillir tranquillement !

Selon Ide Parenty dans Le Monde, une pompe a ainsi été installée entre les deux tonneaux afin d’éviter un brassage d’air qui pourrait altérer le vin. Car malgré ses 543 ans, ce blanc d’Alsace à la teinte ambrée garde un nez incroyablement vanillé, boisé et madérisé. Pour Pelagie Hertzog l’oenologue qui veille sur ce vin mystérieux, « c’est un mystère œnologique. Le vin possède beaucoup de structure et reste très acide malgré les siècles. Il devait déjà l’être à l’origine, ce qui a poussé ses récoltants à le conserver ».

« C’est un privilège de le goûter », assure l’œnologue, il n’est pas (plus) fait pour être bu. Ce vin est devenu un monument qui n’est réservé qu’aux grandes occasions, au nombre de trois dans son histoire : en 1576, pour célébrer l’accord d’assistance mutuelle entre Zurichois et Strasbourgeois, en 1718, lors de l’inauguration des nouveaux bâtiments des hospices de Strasbourg, et en 1944, à l’occasion de la libération de la ville par le Maréchal Leclerc.

Photo © AFP Olivier Morin