Dans l’édition électronique datée du 22 décembre 2013 du Vif/L’Express, Fabrizio Bucella fait la chronique de l’opéra-bouffe de Jacques Offenbach actuellement joué à l’Opéra Royal de Liège : la Grande duchesse de Gérolstein.
S’il vous reste quelques heures de libres d’ici la fin de l’année, il vous faut absolument vous rendre à l’Opéra Royal de Wallonie (Liège), car la pièce qui y est jouée vaut le détour. Il s’agit de la Grande Duchesse de Gérolstein, un opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach.
La pièce La Grande Duchesse de Gérolstein fut créée à Paris, aux Variétés, le 12 avril 1867, trois ans avant la défaite de Napoléon III face au Roi de Prusse à Sedan. Elle narre les bouffonneries d’un duché imaginaire où la duchesse aime les militaires et qui décide de partir en guerre contre un état voisin.
Il n’y a pas de génie mineur ni de génie majeur. Le génie est le génie. Il m’enchante autant chez Offenbach que chez Mozart. – Jean Cocteau
Le génie du metteur en scène, l’Italien Stefano Mazzonis Di Pralafera, fut d’adapter le livret original en une bataille culinaire. Entre revue de troupes et revue de brigade, entre rôtisseur et sergent, entre sabre de bataille et sabrage du champagne, les parallèles se font naturellement. La transposition fonctionne à plein régime et la bouffonnerie atteint son objectif.
Désireuse d’encore faire gravir à son restaurant les échelons de la renommée, la Duchesse de Gérolstein l’a fait inscrire dans le plus grand concours culinaire de la télévision: La Guerre des chefs!
Il faut avouer que les grands moyens ont été mobilisé par l’Opéra Royal de Liège : des instruments et des choeurs dans la salle, une troupe de danseurs virevoltante, les Frères Taloches qui introduisent le défi culinaire à la télévision, jusqu’à l’insert final du fameux Galop infernal (French cancan) tiré de « Orphée aux Enfers ». L’objectif avoué est de retrouver l’esprit original de l’oeuvre qui parodiait les grands de l’époque en toute extravagance.
Napoléon III et l’impératrice Eugénie, le tsar Alexandre II, le prince Bismarck, les rois du Portugal et de Suède, le vice-roi d’Egypte ou le prince de Galles se sont pressés aux premières représentations de cet opéra-bouffe! Ils étaient pourtant la cible d’Offenbach. (livret d’introduction à l’oeuvre)
La chanson où toute la brigade vient souhaiter la « bonne nuit » au jeune couple l’empêchant de se retrouver seul dans la chambre nuptiale vaut particulièrement le détour. La morale de 1867 est mise en avant par la Duchesse elle-même à la fin de la pièce car « quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ».
Peut-être que l’Opéra Royal de Liège nous gratifiera-t-il d’une sortie en DVD de cette très belle adaptation ? En attendant, on peut vibrer avec la compilation des extraits dans la vidéo ci-dessous.
Fabrizio Bucella in Le Vif/L’Express
La Grande-Duchesse de Gérolstein (Offenbach)