Arnaud Laconte, assistant-professeur IWD, vous raconte la dégustation de vins de Bourgogne, exclusivement des rouges, lors de la séance du 17 mai 2017.
Le cycle IWD3 est la parfaite occasion de revoir en profondeur les régions vitivinicoles mythiques telles que la Bourgogne. C’est aussi une opportunité peu commune pour nos étudiants de déguster des crus parmi les plus prestigieux.
Petit tour d’horizon de cette séance de ce 17 mai consacrée aux bourgognes rouges et bilan avec une question en tête : que faut-il retenir de ces flacons prestigieux ?
La liste
Comprendre un débat commence par un passage en revue des participants. La tendance fût à la Côte de Nuits avec deux outsiders en Côte de Beaune – en biodynamie ou non – sur des millésimes qui sont tous prêts à boire en 2017.
- AOC côte de nuits-villages (magnum) Désertaux-Ferrand 2009
- AOC marsannay BIODYNAMIE Domaine Sylvain Pataille La Montagne 2012
- AOC gevrey-chambertin BIODYNAMIE Domaine Trapet père et fils 2009
- AOC pommard Sébastien Magnien 2013
- AOC beaune 1 er cru Hospices de Beaune Cuvée Rousseau-Deslande 2012
- AOC chapelle-chambertin Louis Jados 2011
La dégustation s’est conclue par deux millésimes hors d’âge, à savoir un corton grand cru du domaine Delaby-Génot de 1997 suivi d’un vosne-romanée du domaine Jaboulet Verchère de 1959 (millésime mythique en Bourgogne). Ce dernier étant une découverte parfaitement surprenante. L’ordre de dégustation fût longuement débattu, chacun ayant des arguments pour prétendre à la primeur de dégustation.
L’effet millésime
Très clairement deux vins se sont démarqués lors de cette dégustation. De par leur intensité aussi bien olfactive que gustative, marqueur des grands millésimes. Mais également par leur complexité aromatique liée à la garde, témoignant d’une conservation sans faille leur permettant d’offrir des notes évolutives subtiles, modérées mais bien présentes : les millésimes 2009.
La bourgogne est probablement la région au monde où le millésime a toute son importance. Notamment à cause d’un climat qui peut être impitoyable mais également à cause de la tradition du monocépage (qui plus est en biodynamie) qui force le vigneron à travailler sans filet. Ce fût peut-être la première leçon de cette soirée : ne pas négliger l’effet millésime.
La patte du vigneron
Le second point à souligner est l’importance capitale du travail du vigneron. Depuis ses choix éthiques et philosophiques quant à la façon dont il traite sa vigne (biodynamie VS agriculture conventionnelle) jusqu’à son apport lors de l’élevage avec la fréquence de renouvellement des fûts. Ces choix sont déterminants sur la finesse de ses vins.
Et l’appellation?
Bien qu’historiquement, la Bourgogne organise sa hiérarchie des appellations autour du terroir, de la parcelle qui est classée ou non, j’inviterais le consommateur averti à considérer d’abord le vigneron et l’effet millésime avant de foncer tête baissée sur l’appellation la plus prestigieuse considérant qu’il s’agit alors d’un critère objectif de qualité (de prix ?).
En effet, si le prix est directement corrélé avec le niveau d’appellation, il convient de garder en mémoire que des hommes et des femmes, ayant une passion/ une conviction, produisent le vin. Il est bien plus difficile d’intégrer ce paramètre dans le prix final consommateur. Et heureusement, puisque cela peut nous réserver d’excellentes surprises.