Voici la synthèse du litige qui oppose « l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain » au groupe « Accor », lequel a utilisé le concept « La Ficelle » créé et déposé par cette cave depuis 28 ans pour une opération de promotion durant l’été 2015. Vous constaterez que les vignerons de Saint-Pourçain, aidés de leurs amis dessinateurs, conservent tout de même leur légendaire humour. Pot de terre contre pot de fer ? Pas si sûr !

La Ficelle

Marque déposée depuis 1987 par l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain, La Ficelle, l’un des fers de lance commerciaux de la cave (10 % du chiffre d’affaire) est un vin joyeux, à l’image des dessinateurs humoristiques qui, depuis la première édition, chaque année, signent l’image du nouveau millésime.

Avoine, Barbe, Barberousse, Barrigue, Blachon, Bridenne, Cursat, Dubouillon, Faujour, JY, Honoré (2006), Laville, Loup, Mose, Napo, Nicoulaud, Piem, Roche, Sabatier, Soulas, Tignous (2005), Trez, Lerouge, Samson, Willem, Caralli, Lasserpe … ont chacun, à leur tour, accompagné la sortie de La Ficelle, au mois de décembre.

L’affaire

À l’aube de l’été 2015, le groupe hôtelier Accor (Ibis, Mercure, Novotel, Sofitel, Pullman) décide de faire une opération promotionnelle estivale portant sur un vin rosé dit « À La Ficelle ».

Ayant eu connaissance de la démarche, l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain s’en émeut :

Saint-Pourçain est un vignoble dde 650 ha dans l’Allier, rattaché au Val de Loire, et dont les cépages dominants sont les suivants : gamay, pinot noir, chardonnay, sacy et sauvignon blanc.

Le directeur de la cave, Christian Bigot, est alors contacté par un intermédiaire qui lui signale, entre autres: « Mercure fait une petite opération autour de la cuvée La Ficelle lors de la sortie du prochain millésime, le 5 décembre … »

La ficelle de Saint-Pourçain
Après différents échanges, l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain transmet, par le biais de son service juridique, un protocole d’accord afin de garantir les termes de la transaction et de l’utilisation du nom La Ficelle par le groupe hôtelier.

Malgré différentes relances, le groupe Accor reste silencieux. Quant à l’intermédiaire, il semble utiliser diverses techniques afin de gagner du temps. Le 9 juillet il envoye le message ci-après, à Christian Bigot: « J’ai cherché, en vain, de vous joindre hier par téléphone afin de connaitre l’issue de votre réunion mardi matin au sujet de votre litige avec Mercure. Pourriez-vous, svp, me tenir informée de ma proposition. »

La réponse du groupe Accor, en date du 21 juillet, adressée au service juridique de L’Union des Vignerons de Saint-Pourçain est pour le moins surprenante : « Nous ne sommes pas concernés par l’opération en question, mais nous avons transmis votre courriel aux représentants de Mercure. Ils reviendront certainement vers vous prochainement. »

Les vignerons ont l’impression d’être pris pour des billes

Accor ne peut pas nier le plagiat puisque ce vin rosé « À La Ficelle », présente, lui aussi, la caractéristique d’utiliser une bouteille graduée. Tiens, tiens …

L’Union des Vignerons de Saint-Pourçain estime donc qu’il y a plagiat, d’autant que, depuis vingt-huit ans, La Ficelle fait l’objet d’une protection à titre de marque déposée. Christian Bigot s’indigne « Il n’y a qu’une Ficelle, celle que nous produisons ! En se plaçant dans notre sillage, Accor a profité, sans bourse délier, des efforts financiers que nous avons réalisés, au fil des années, pour en faire un vin particulièrement reconnu par son originalité de présentation et par son nom distinctif. »

Une bataille juridique est donc enclenchée … les Vignerons de Saint-Pourçain conservent leur humour légendaire puisque, déjà, leurs amis dessinateurs, racontent le litige à leur manière. Ci-dessous, un premier dessin, signé Sabatier, témoignant de la colère de Gaultier le tavernier (1).

(1) La légende aurait vu le jour au XVe siècle. La légende raconte que, en l’an 1487, Gaultier, tavernier à Saint-Pourçain, dans son estaminet enfumé et fort sombre, servait le vin dans des pichets en terre et en étain. Ceux-ci ne lui permettant pas d’évaluer avec précision la consommation de ses clients, s’en suivaient toujours des discussions interminables sur le prix à payer. C’est alors qu’il eut l’idée de plonger un bout de ficelle dans les pichets, en faisant un nœud correspondant aux mesures de l’époque, la demie et la pinte. Ainsi, naissait la légende de la Ficelle réhabilitée par la coopérative « Union des Vignerons de Saint Pourçain » en 1987.