Après le sucré, l’amer est la saveur préférée des Belges. Quatre Belges sur dix, surtout les Flamands et les femmes, en sont fans. Tels sont les résultats de la toute première enquête sur l’amertume réalisée par iVOX et le campus technologique de la KULeuven à Gand pour Campari auprès de 1 000 Belges.

Le chasseur de tendances Herman Konings l’affirme sur l’amer : « La tendance amère s’est désormais installée en Belgique aussi, et pour longtemps : l’amer sera la saveur de la prochaine décennie ».

Chicons (endives en France), chocolat noir, bière… L’amertume fait incontestablement partie de notre ADN de Belge. Mais dans quelle mesure ? Ce point n’avait jusqu’alors pas encore fait l’objet d’une étude. En raison de la grande tendance actuelle lancée par les mixologues avec leurs cocktails amers, il était donc temps d’analyser en détail le goût des Belges pour l’amer. Et les résultats sont surprenants.

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Chicons et café en tête

Tout en haut du classement des produits amers préférés, on retrouve les chicons. Trois quarts des Belges les aiment. Deuxième de la liste, le café (70 %) est plus populaire que ses variantes sucrées telles que le cola et la limonade. Le chocolat noir (69 %), les olives (61 %) et la salade de blé (60 %) complètent le top 5 des produits amers les plus appréciés. On constate cependant des différences entre les régions. Le café est ainsi loin des cinq produits de tête dans le Brabant flamand et les olives arrivent dernières en Flandre occidentale. Par ailleurs, la salade de blé est deux fois plus populaire en Flandre qu’en Wallonie. Les Wallons ont quant à eux une préférence marquée pour le chocolat noir.

Amer Hommes-vs-femmes

Les femmes « plus amères » que les hommes

Chicons, pamplemousses, radis et consorts se retrouvent surtout dans l’assiette des femmes. Elles optent en effet beaucoup plus souvent pour un repas amer. Les hommes les battent sur le plan de l’amertume uniquement au niveau de la consommation de café (75 % contre 66 %). En moyenne, quatre Belges sur dix aiment manger amer, aussi bien des plats froids que chauds. Les healthies sont 25 % plus nombreux que les autres à cuisiner avec des produits amers, tandis que les foodies adorent les cocktails amers. 45 % des Belges apprécient d’ailleurs les apéritifs amers du style Aperol Spritz ou Campari Tonic.

Amer-Ete-vs-hiver

Apéritifs amers en été, repas amers en hiver

Les boissons amères sont considérées comme les boissons les plus désaltérantes et donnent immédiatement l’impression d’être en été, ce qui explique que quatre Belges sur dix, et même la moitié chez les hommes, aiment déguster un apéritif amer durant cette saison. Les habitants de Flandre occidentale et orientale en sont les plus grands amateurs. Pour un Belge sur trois, repas amer est synonyme de repas d’hiver, les Flamands étant deux fois plus nombreux que les Wallons à penser cela, Limbourgeois et Brabançons flamands en tête.

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Les Flamands ont une préférence pour l’amer, les Wallons pour le sucré

Le sucré règne toujours en maître, le jus d’orange étant la boisson préférée et la carotte le légume le plus populaire.

Les Belges aiment par conséquent les mélanges doux-amers. Ainsi, trois Belges sur dix sucrent leurs chicons et un sur quatre ses pamplemousses.

Les Wallons le font encore plus souvent et sont beaucoup plus friands de sucreries que les Flamands. Ils boivent beaucoup plus souvent de la limonade, du jus d’orange ou du jus de pomme, tandis que les Flamands optent davantage pour des boissons amères telles que du tonic et du jus de pamplemousse.

L’amer pour se distinguer

Les chiffres sont formels : la tendance internationale à l’amertume s’est installée en Belgique aussi. Et cette saveur ne devrait pas quitter nos assiettes et nos verres de sitôt, à en croire le chasseur de tendances Herman Konings.

J’en suis certain, l’amer sera le nouveau sucré des dix prochaines années. Contrairement aux 20-30 ans des années 90 qui étaient accros au sucre, la nouvelle génération des 20-30 ans, est souvent allée plus loin dans les études, recherche de plus en plus des saveurs pures, authentiques, et fait beaucoup plus attention aux aspects qualité et santé. Ils veulent également se distinguer de la masse via des associations surprenantes, ce qui les conduit automatiquement aux goûts amers, car ces derniers sont plutôt associés à des légumes sains et à des saveurs sophistiquées pour les fins gourmets. Qui veut être dans le coup de nos jours se tourne dès lors vers les « légumes oubliés », les bières authentiques et plus fortes, les cocktails originaux à base de tonic et les bars à café à la mode avec de jeunes baristas et où le café n’est jamais assez serré.

Des top chefs et des mixologues

Prenez l’exemple de jeunes top chefs comme Kobe Desramault ou de mixologues comme Olivier Jacobs : ils ont contribué au lancement de la tendance amère avec des réalisations créatives à base de chicon pur et de choux de Bruxelles, et l’ajout de touches amères et inattendues dans des apéritifs branchés. Même Pascale Naessens et sa très célèbre « cuisine pure » jouent aussi là-dessus, ce qui permet de remettre l’amer au goût du jour, surtout chez les femmes. On voit aussi de plus en plus de gens qui l’expérimentent à la maison. À l’apéro par exemple, entre amis sur la terrasse, ils n’offrent plus un simple verre de cava, mais préparent des cocktails élaborés avec un bitter (tel que du tonic, du Gin et du Campari) pour pouvoir servir quelque chose d’unique.

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Une saveur qui s’apprivoise

Le sucré s’éteint peu à peu. L’amer se pose comme l’alternative idéale. Tout d’abord avec encore un peu de sucre pour la plupart des gens (comme par habitude sur les chicons et le pamplemousse), mais nous allons évoluer peu à peu vers une amertume vraiment pure.

Cela demande encore un peu de temps. L’amer est une saveur qu’il faut apprendre à manger et à boire, la plupart du temps sur le conseil d’amis ou de proches. Je me rappelle encore ma toute première bière : je l’ai trouvée terriblement amère. Mais c’est en buvant qu’on apprend à en apprécier le goût. Grâce à la tendance amère, les enfants seront en outre plus vite éduqués à l’amertume des plats qu’il y a vingt ans, de sorte qu’ils puissent eux aussi développer une palette de goûts plus amère. C’est donc sans aucun doute une saveur qui va s’ancrer et qui dominera dans nos apéros et notre gastronomie au cours de la prochaine décennie.

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