Dans l’édition électronique datée du 22 décembre 2013 de La Libre Belgique Namur/Luxembourg, Christian Laporte fait le point sur les rumeurs les plus folles qui ont couru quant à la possible fermeture de la brasserie d’Orval.

Ces derniers jours, pas mal de rumeurs ont couru à propos de l’avenir de la trappiste d’Orval. Certains ont même fait un rapprochement proportionnel entre le volume d’hectolitres produits avec le nombre de moines de la communauté monastique. Ce qui a amené certains de nos confrères à en déduire que la production de bière pourrait y prendre fin.

L’administrateur-délégué de la brasserie, le frère Xavier a estimé que c’en était vraiment trop…

Il est de notre devoir de préciser que cette perception ne correspond pas vraiment à la réalité ni récente, ni ancienne, ni même future.

La brasserie existe depuis 1931. Dès le début, la fabrication de la bière a été confiée à des laïques salariés de la région car la communauté de l’époque était surtout occupée par le travail à la ferme ainsi qu’à la fromagerie. Dans les années 30, trois maîtres brasseurs se sont relayés pour mettre au point les techniques de fabrication particulières de la bière d’Orval. Aujourd’hui c’est une femme ingénieur-brasseur, Anne-Françoise Pypaert qui a pris le relais avec talent et compétence.

À la différence d’autres brasseries trappistes, Orval n’a donc jamais eu de moines directement impliqués dans la production de sa bière. Le nombre de moines de la communauté n’est donc pas en lien direct avec la quantité de bière produite, ni a fortiori à la justification d’un quelconque secret de fabrication. Par contre, quatre frères, dont le Père Abbé comme président, sont impliqués dans le conseil d’administration de la Brasserie. Un frère est présent au quotidien dans l’entreprise. La production de la bière d’Orval – brassée, soutirée et re-fermentée sur le site de l’abbaye, atteint aujourd’hui une limite liée à la dimension des lieux.

D’où une stabilisation des ventes qui donne l’impression que le produit est moins disponible.

Une forme de modestie commerciale de notre part est aussi de tradition pour nous. Nos visiteurs aiment approcher un lieu spirituel bien plus qu’un site de production.

L’Orval bénéficie du label “Authentic Trappist Product” qui est très parcimonieusement attribué. Pour rappel, il l’est tous les 5 ans à des trappistes fabriquées uniquement dans les abbayes trappistes sous la responsabilité directe de la communauté. Et les revenus doivent surtout aller à des oeuvres de solidarité sociale. Il y a aujourd’hui 10 bières trappistes porteuses de ce label.

Pour dépasser la logique quantitative, nous pourrions comparer la vitalité de la communauté monastique à celle de la levure. L’Orval doit son goût si particulier au développement de deux souches de levures – levure d’Orval et levure sauvage saccharomyces – dont la fermentation et la maturation se poursuivent dans la quiétude et la discrétion. Elles sont présentes sans qu’on puisse les voir ou les mesurer. Les amateurs d’Orval font confiance à ce qui se passe dans la bouteille. Il en est de même pour les moines. Le véritable ferment qui vit et se développe en elle, c’est l’Evangile, qui la travaille du dedans, de manière cachée et invisible.

Un message de Noël à déguster sans modération…

Christian Laporte in La Libre Belgique Namur/Luxembourg