Le vin belge jouit d’une visibilité de plus en plus grande dans les médias. Les spécialistes commencent à y prêter une réelle attention. Ces breuvages restent toutefois peu connus du grand public. Focus sur ces vins qui progressent doucement dans l’ombre de leurs illustres voisins hexagonaux. Un dossier de Pierre Galhaut.

La chanson « Ah le petit vin blanc, qu’on boit sous les tonnelles… » résume assez bien la production du vin en Belgique : sans trop de prétention et plutôt de couleur blanche. Dans le Royaume, on trouve pas moins de vingt-huit domaines en production. Les cuvées n’ont pas à rougir face à celles que l’on peut trouver en France malgré que les vins restent peu connus du grand public, principalement en raison d’un volume de production faible. Le vin belge constitue un produit de niche, souvent réservé aux connaisseurs, il est peu présent en grande surface, circuit d’achat très majoritaire en ce qui concerne le vin… Seuls quelques détaillants vendent le précieux breuvage, le plus simple afin de connaître les revendeurs est de s’adresser directement au domaine.

Petite quantité, grande présence médiatique

Leur présence dans les médias, plus dynamique ces derniers temps, amène petit à petit le consommateur à se tourner vers des vins plus locaux. Cependant et dans l’écrasante majorité, lors des courses pour les fêtes de fin d’année, les Belges se dirigent naturellement vers des bordeaux, bourgognes, et autres côtes-du-rhône, produits connus et reconnus qui ne dépareillent pas la table de l’amateur de bonne chère.

Opter pour des vins belges ne représente pourtant pas une grosse prise de risque. Le goût de ceux-ci ne s’éloigne pas tellement des vins français. Une partie de la production belge provient de cépages septentrionaux cultivés en France ou au Luxembourg, comme les chardonnay, sauvignon, riesling ou autre pinot noir…

Vin du nord, vin moins fort

Les cépages septentrionaux s’accommodent relativement bien au climat belge plus frais et humide et surtout moins ensoleillé. La différence notable entre le vin belge et le vin français réside dans l’acidité et le taux d’alcool. Faire du vin en Belgique est plus difficile que dans le Sud de la France. Les vignes belges, moins exposées au soleil que la plupart des vignes françaises, produisent naturellement des raisins moins sucrés. Le vin qu’on en retire présente un goût plus acide, et un taux d’alcool inférieur. Plus de 80% des vins belges sont des vins blancs, le climat se prêtant moins bien à la production de vin rouge.

Un autre débouché de plus en plus exploité pour les vins belges est la production de vins effervescents en méthode traditionnelle, soit comme en Champagne. Les cuvées Seigneur Ruffus (wallonne à Binche) et Schorpions (Flandres) sont parmi les meilleurs vins pétillants locaux et ils rivalisent avec des vins bien plus côtés.

Un produit, deux écoles

En Belgique, il y a deux écoles en matière de production de vin. D’un côté, ceux qui utilisent des cépages classiques, issus des vignes européennes, comme les françaises. De l’autre, ceux qui cultivent des cépages interspécifiques. Ces derniers résultent de croisements entre des vignes européennes adaptées à la culture du vin, et des vignes, américaines et plus résistantes. Leur maturation est plus courte et permet d’éviter les risques de gelées pendant la période de développement du raisin. Les fruits qu’on en retire présentent aussi une peau plus dure qui résiste mieux à différentes attaques, notamment celles des champignons.

Wijnkasteel Genoels-Helderen
Le Wijnkasteel Genoels-Elderen à Riems, dans le Limbourg (appellation : Haspengouw)

Appellations d’Origine Protégées et Indications Géographiques Protégées

Clarification avec le professeur Fabrizio Bucella. Directeur de l’école d’œnologie Inter Wine & Dine et chroniqueur vin. Notre spécialiste fait le point sur les différentes AOP et IGP du monde vinicole belge.

Une appellation d’origine protégée ou AOP Implique que le produit soit issu d’une région et transformé dans cette même région. Pour le fromage de Herve par exemple, le lait utilisé est celui de vaches de la région et la transformation se fait là-bas. Les AOP correspondent pour le vin aux AOC françaises. L’indication géographique protégée (ou IGP) est moins sévère. Il faut que le produit vienne de la région, mais il peut être transformé ailleurs. Si vous prenez le jambon de Bayonne, il faut que le porc vienne de la région mais il peut être découpé et fumé ailleurs. Pour le vin, ce sont les anciens vins de pays.

Ici, en Belgique, nous avons pour le vin quatre appellations d’origine protégées. Trois en Flandre : Hageland dans la région de Louvain, Haspengouw près de Hasselt et Heuvelland près d’Ypres. En Wallonie, il y a une seule AOP. On a englobé l’ensemble du bassin hydrographique de la Sambre et la Meuse: Côtes de Sambre et Meuse. A côté de ça, on a deux indications géographiques protégées : une flamande, Vlaamse landwijn et une wallonne, Vins de pays des jardins de Wallonie. Il existe encore des appellations protégées pour les vins effervescents.

Ces appellations ont été mises en place sur base du modèle français, pour cadrer la production, mais ne pas avoir d’AOP ou IGP ne signifie pas que le produit est forcément moins bon. Par exemple, Seigneur Ruffus, qui est pour moi un des meilleurs produits en Belgique, est un vin effervescent qui n’a pas d’appellation protégée. Les producteurs n’ont pas demandé d’appellation parce qu’ils n’en ont pas besoin. Le produit est déjà connu et reconnu par les amateurs.

Lire aussi :