Etude sur les risques liés à la consommation d'alcool

[COMMUNIQUE DE PRESSE – Bruxelles, 11 septembre 2018] Fortement relayée par les médias pour son ton alarmiste, une étude, publiée fin août dernier par la réputée revue scientifique The Lancet, indiquait qu’une consommation, même modérée, de la molécule d’éthanol (présente dans les boissons alcoolisées) serait mauvaise pour la santé.

L’étude recommandait l’abstinence et la mise en place de mesures politiques sévères pour réduire la consommation. Selon Fabrizio Bucella, professeur ordinaire en sciences à l’Université Libre de Bruxelles et sommelier, cette étude présente une interprétation faussée des résultats. Dans une analyse critique, il explique que l’étude « confond risque absolu et risque relatif » et nuance ainsi les conclusions faites.

L’étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Cambridge a voulu savoir combien de personnes développent une des 23 pathologies liées à l’éthanol sur une période de 12 mois. Les trois interprétations données de l’étude sont les suivantes :

  1. « Les personnes abstinentes n’ont pas de risque de développer une maladie liée à l’éthanol. »
  2. « L’augmentation du risque est forte pour les personnes qui boivent deux verres par jour (7 personnes sur 100 développent la maladie). »
  3. « Pour la dernière catégorie (cinq verres par jour), il existe plus d’une chance sur trois (37%) de développer une maladie. »

Le travail a été accompli par le statisticien David Spiegelhalte de l’Université de Cambridge. D’après Fabrizio Bucella, l’étude fausse les données en les interprétant en « risque relatif’, c’est-à-dire en s’intéressant seulement à l’augmentation du risque et non à la probabilité réelle de développer une maladie, qui s’exprime en « risque absolu ». Il nuance ainsi les conclusions de l’étude en amenant 3 contre-interprétations :

  1. Parmi les personnes abstinentes, il y en a 914 sur 100 000 qui développent une pathologie liée à l’alcool.
  2. Exprimé en risque absolu (qui se calcule par le nombre de personnes développant une pathologie par rapport à la taille de la population), il n’y a qu’1 personne sur 100 buvant deux verres par jour qui développe la maladie et non 7.
  3. Le risque absolu des personnes buvant cinq verres par jour est de 1,3%, ce qui nuance les 37% exprimées dans l’étude.

« Vu que les abstinents peuvent également développer une pathologie liée à l’éthanol, cela nous rappelle alors que le risque zéro n’existe pas » conclut Fabrizio Bucella. Par conséquent, que l’on ne boive pas (0,914% de risque absolu) ou que l’on boive de manière modérée 1 verre par jour (0,918% de risque absolu), les risques sont à peu près les mêmes. Si l’on boit de manière modérée 2 verres par jour (0,977% de risque absolu), le risque n’est pas sensiblement très différent. L’ensemble de ces éléments sont développées dans l’analyse critique du Prof. Fabrizio Bucella.

 

Cliquez ici pour obtenir ce communiqué en version PDF.