Parfois les journalistes ont des antennes. Lisez plutôt. Le 10 septembre, dans son édition hebdomadaire, le Canard enchaîné enchaîné annonçait : « Varsovie-en-Champagne ». L’hebdomadaire satirique y détaillait le nouvel attrait des vendangeurs polonais dans la célèbre région vinicole.

Le décret d’appellation y oblige les vendanges à la main : « Avec eux, pas besoin de vendange mécanique, à laquelle les Champenois résistent encore. Ils vous ratissent un coteau à la vitesse d’une moissonneuse et sans rien laisser derrière eux. »

Les considérations chiffrées ne sont pas en reste : « Payés au kilo – environ 17 centimes, congés payés inclus -, ils n’ont aucune raison de musarder pour admirer le paysage, pourtant candidat à l’inscription au Patrimoine de l’Unesco. » Cependant, le kilogramme de raisin « le plus cher du monde » continue de battre des records : 5,65 euros en moyenne l’année passée et jusqu’à 6,50 cette année.

On n’ira pas jusqu’à prétendre que les vendangeurs polonais sont rétribués de manière tout à fait équitable. C’était d’ailleurs le sens de l’article qui de manière ironique comparait les saisonniers au fameux « plombier polonais » et insistait sur le dumping social que constituait cette main d’oeuvre très bon marché. Celle-ci contribuerait à généraliser la rémunération à la tâche et non plus au smic horaire.

Las, plus d’une semaine plus tard, le 25 septembre très exactement, nous apprenions, par Terre de Vins, qu’une enquête judiciaire était ouverte pour pour « traite d’êtres humains et travail dissimulé » par le parquet de Châlons-en-Champagne, après la découverte à Fleury-la-Rivière (Marne) de 240 vendangeurs polonais logés dans des conditions indignes.

Le journaliste du Canarad enchaîné avait eu manifestement le nez fin.

Le prestataire polonais qui les employait pour le compte de plusieurs vignerons les logeait dans cette maison à douze par pièce au mépris des règles de sécurité élémentaires en les nourrissant avec des aliments périmés ou avariés », a expliqué à l’AFP le sous-préfet Didier Loth. « Les vignerons n’étaient pas au fait de ces conditions et l’enquête précisera les conditions d’embauche des saisonniers », a-t-il souligné.